Eglise d'Oyé
Adresse | Le Bourg, 71800 Oyé | |
Teritoire | Le Charolais Brionnais | |
Coordonnées géographique | 4.19103, 46.3241 | |
Paroisse de rattachement | ||
Protection Monuments historiques | Non |
Présentation
L'église paroissiale est située dans la commune d’Oyé, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Administrativement, la commune d’Oyé fait partie du canton de Chauffailles et de la Communauté de communes de Semur-en-Brionnais.L’église d’Oyé, qui a conservé son clocher roman, est placée sous le vocable de Saint Jean-Baptiste, Précurseur du Christ.
Etymologiquement, Oyé serait issu du mot d'origine burgonde composé de augo, « le regard » et du suffixe gallo-romainiacum, « le domaine » signifiant « (le domaine de) celui qui observe » (2).
Jean, dit « le Baptiste », (* env. 5 av. J.-C. ; † env. 30, certainement av. 36 ap. J.-C.) était un prédicateur pénitentiel juif actif en Galilée et en Judée. Son action est documentée par les Évangiles et par l'écrivain juif Flavius Josèphe. Jean, l'un des saints les plus importants, est considéré comme le dernier et le plus grand prophète, comme un précurseur de Jésus et comme un modèle de l'ascète. D'après l'histoire de l'enfance de Jésus, il est son cousin (« Visitation » dans l'Évangile de Luc). À l'âge adulte, Jésus a été baptisé par lui dans le Jourdain au commencement de son ministère public. Jean a été emprisonné pour avoir dénoncé l’union incestueuse d'Hérode Antipas avec Hérodias, la femme de son frère. Salomé, la fille d’Hérodias du premier mariage, obtint de son oncle la mort du prophète. On apporta la tête du supplicié sur un plateau à sa mère Hérodias, instigatrice du meurtre. Les anniversaires de la naissance de Jean le Baptiste le (24 juin, six mois avant la naissance de Jésus) et de son martyre (le 29 août) sont célébrés depuis l’époque paléochrétienne. Il est représenté vêtu d’une robe en poil de chameau ou d’une peau de bête et avec un bâton surmonté d’une croix. (3)
Avant la Révolution française, l’église d’Oyé était placée sous le double patronage du Prieuré de Saint-Germain et de l’évêque d’Autun. Les droits seigneuriaux étaient partagés entre plusieurs seigneurs, le principal d’entre eux étant le marquis de Langeron. La seigneurie de Chaumont, rattachée administrativement aux Etats du Mâconnais, avait été acquise de l’abbaye de Cluny, au début du XVIIe siècle. Il se tenait, chaque année, quatre foires importantes où se faisait le commerce des bœufs gras.
Historique
La commune possède deux édifices religieux : l'église paroissiale, au bourg, et une chapelle, au hameau de Sancenay. La première est citée dans les sources dès le Xe siècle, et la seconde dès le IXe siècle. Au cours des années 1070-1080, Geoffroy Ill de Semur donne au prieuré de Marcigny deux manses à Oyé(4). Au XIIIe siècle, la terre d'Oyé sert à apanager un cadet de la famille Semur, Renaud de Luzy, frère du seigneur Simon II(5). Vers 1240, Renaud affranchit la ville d'Oyé(6).
Description architecturale
L'église paroissiale se trouve au cœur du bourg. Elle date du XIXe siècle mais son clocher est roman. L’église n’a pas été étudiée.
L’ancienne église : Les sources les plus anciennes se rapportant au bâtiment sont les visites pastorales de 1705 et 1729, et le rapport pour la carte de Cassini de 1757. L'église devait être orientée. Les visites pastorales indiquent qu'elle possédait une nef unique non voûtée ouvrant sur une travée de chœur voûtée, terminée par un « sanctuaire » voûté lui aussi. Il n'est pas précisé si ce dernier avait la forme d'une abside ou d'une travée rectangulaire. Le clocher était une tour carrée élevée au-dessus de la travée de chœur. Le visiteur de 1729 trouve le sanctuaire « petit », mais le chœur « assez grand ».
L’église actuelle : Après 1820, la nef et l'abside sont détruites. On décide alors d'accidenter l'église. On édifie le chœur et le transept actuels mais prolongés par une nef unique. La travée de chœur et le clocher deviennent le porche actuel. En 1824, des bas-côtés sont ajoutés.
La nef comporte donc trois vaisseaux de trois travées. Le vaisseau central possède un seul niveau d'élévation : de grandes-arcades en plein-cintre portées par des piles quadrangulaires. Les murs gouttereaux sont percés d'une baie en plein-cintre partravée, et une porte est percée dans le mur gouttereau sud. L'ensemble de la nef est plafonné.
Des travaux ont lieu en 1880 sous la direction de l'architecte Gabriel Rotival(7) :
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« Réfection de la toiture » dans les parties orientales,
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« Démolition des voûtes en moellons du transept et de l'abside(8) dont la stabilité paraît complètement insuffisante, à en juger par les mouvements qui se sont produits et les lézardes qui en ont été la conséquence à la clé des encadrements des fenêtres de l'abside et dans la partie supérieure des murs »,
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« Reconstruction des voûtes en moellons démolies, à l'aide de pots en terre cuite »,
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« Restauration de l'encadrement de la baie qui fait communiquer la nef avec le porche établi sous le clocher »,
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« Construction d'un soubassement en ciment à l'intérieur et à l'extérieur de l'église et la réfection en mortier de chaux hydraulique des enduits en mortier de chaux grasse qui se trouvent actuellement dégradés ».
Le clocher possède une haute souche aveugle surmontée par un niveau de baies. La souche est enduite, mais pas l'étage des baies qui présente un appareil de pierres de taille en calcaire à entroques. Cet étage est indiscutablement roman. Il comprend une baie géminée par face. Les arcs en plein-cintre retombent au centre sur des colonnettes jumelées l'une derrière l'autre, et unies sous un même tailloir. Latéralement, les arcs sont portés par une colonnette dont le chapiteau est orné de feuilles simples portant ou non des fruits. Ces colonnettes à chapiteaux sont romanes ; seules ont été refaites les colonnettes géminées des faces ouest et sud.
Ce niveau est couronné par une corniche chanfreinée. Sur les faces nord, est et sud, la corniche est ornée de deux rangs de perles, et juste en dessous se déploie une frise composée d'arcs en plein-cintre. Chaque arc est surmonté de deux arcs plus petits dessinant comme des pétales. Le traitement est différent sur la face occidentale : la corniche est laissée nue, et la frise est composée d'arcs trilobés à la manière des lancettes des baies gothiques. Un arc trilobé fait retour sur les faces nord et sud créant ainsi une continuité entre les deux types de frise. L'ensemble de ce décor est roman.
Si le clocher est roman, il est plausible que la travée qui le porte le soit aussi, et que ces dispositions correspondent à l’ancienne église romane. Mais, les trois travées qui forment le porche actuel semblent être le fruit de multiples recompositions survenues à diverses époques. Le clocher n'est pas particulièrement en harmonie avec le reste de l'église, tandis que son volume rappelle le clocher de Vareilles. Par conséquent, nous avons sans doute une structure romane, mais dont les maçonneries ont été profondément modifiées et dont il est difficile de comprendre l'évolution à cause de l'épais badigeon qui la couvre.
En conclusion
L'église paroissiale d'Oyé est mentionnée dans les sources dès la fin du Xe siècle. Au XIIIe siècle, et peut-être depuis la fin du XIe siècle, l'église est sous le patronage des clercs de Saint-Germain-en-Brionnais.
À partir de la fin du XVIIe siècle, l'église connaît des transformations successives (destruction de l'abside, de la nef, occidentation), mais le clocher roman demeure. Dès lors, il est envisageable que la travée qui le porte, bien que très remaniée, corresponde à la travée de chœur romane.
Inventaire décor & mobilier
La statuaire en plâtre polychrome, de style Saint Sulpice, représente les saints les plus vénérés par la piété populaire : le Sacré-Cœur, saint Joseph, le Curé d’Ars, saint Antoine de Padoue, sainte Marguerite Marie, sainte Thérèse de Lisieux L’autel majeur, au fond de l’abside, montre, autour du Christ, les apôtres Pierre et Paul qui rappellent le patronage de Cluny. Les autels mineurs sont dédiés au Sacré-Cœur, à la Vierge Marie, à saint Joseph et à saint Jean-Baptiste, patron de la paroisse.
Une jolie chaire à prêcher semble dater du XVIIIe siècle. Une importante série de vitraux historiés constitue la principale décoration de cette église. Sur le mur de l’abside, le grand vitrail du Sacré-Cœur est encadré par deux autres plus petits représentant le baptême du Christ par saint Jean-Baptiste et l’apparition de Notre-Dame-de-Lourdes à Bernadette Soubirous. D’autres vitraux très colorés représentent des personnages de l’histoire de l’Eglise : saint Antoine de Padoue, saint Louis de Gonzague, sainte Claire, sainte Jeanne de Chantal et sainte Jeanne de Valois.
Patrimoine local
La Chapelle de Sancenay
Une chapelle existe au lieu-dit Sancenay mais sa simplicité et l'impossibilité d'observer ses maçonneries empêchent de proposer une datation. Les sources textuelles n'apportent pas d’indices : l'ecclesia de Sancenay est, en 839, aux mains du comte Eccard, puis elle ne reparaît pas dans les textes avant le XVIIe siècle. La relation entre cette chapelle et l'église Saint-Jean-Baptiste ne peut être éclaircie faute de documents. (Voir : Nicolier, Anelise, La construction d’un paysage monumental religieux en Brionnais à l’époque romane, thèse de doctorat, Lyon 2, Tome 3, Vol. 2, Corpus, p. 322-325, 2015)
Sous le vocable de la Vierge Marie, la chapelle de Sancenay possède un riche décor peint du début du XVIIIe siècle. Notr-Dame de Sancenay est depuis longtemps l’objet de la piété populaire, ce dont témoignent de nombreux ex-voto. C’est encore aujourd’hui un lieu de pèlerinage fréquenté régulièrement. Son décor peint a été entièrement restauré.
Le château d’Oyé
A 20 m au nord de l'église, au centre du village, en fond de vallée. Le château d'Oyé est constitué d'un bâtiment rectangulaire orienté nord-sud, de 9 x 21 m, à un étage carré et un étage de comble, précédé d'une cour carrée à l'est. La façade orientale est encadrée de deux tours rondes à deux étages sous poivrière, profondément engagées en œuvre. Cette façade est percée d'une baie à meneau au rez-de-chaussée, et de deux baies à traverse au premier étage. La façade ouest, sur cour, est flanquée d'une grosse tour d'escalier octogonale hors-œuvre à trois étage, actuellement couvert d'une terrasse. La façade est percée de baies rectangulaires régulières modernes. La cour est encadrée au sud par l'église, au nord par un bâtiment de communs. (https://gorria.fr/Cecab/cecab.html?)
Le château de Chaumont
Sur un plateau, à 1400 m au nord-ouest d'Oyé. Le château de Chaumont est composé d'un château moderne symétrique avec deux ailes en retour d'angle au nord, accolé à une aile médiévale vers l'est. Le château moderne, bâti à partir de 1638, se compose d'un logis à un étage carré sous toit à la mansard ; les ailes sont plus basses, et les pavillons d'angles plus élevés. L'aile médiévale a conservé au rez-de-chaussée des voutes anciennes. Le reste a été restauré en style néo-gothique, notamment avec des pierres provenant du château de Moulins-l'Arconce.
Sources
- Xe Mention de Augend... qui pourrait être Oyé, dans un pouillé de la fin du Xe siècle. Diocèse d’Autun, archiprêtré de Briant. Source : Pouillé 1
- 1277 Hugues, prieur de Saint-Germain, reconnaît que, depuis Girard, les évêques d’Autun ont à Oyé droits de visite (in ecclesia de Oyeta), de correction, de procuration et tous les autres droits épiscopaux, y compris le droit de patronage, tel que l'évêque d'Autun le possède et l'exerce dans toutes les autres églises du diocèse. Source : Autun 135 Biblio : COURTEPEE, BEGUILLET 1967, t. 3, p. 105. Remarque : l'évêque Girard est probablement Girard de La Roche Beauvoir qui occupe le siège épiscopal entre 1253 et 1283.
- XIVe Mention de l'église d'Oeta sous le patronage du prieur de Saint-Germain-en Brionnais. Source : Pouillé antérieur à 1312
- 1670 Mémoire donné par le curé. Source : ADSL- 2G 1/6
- 1690 Mémoires donnés par le curé en 1691, 1694, 1695, 1696. Source : ADSL- 2G 1- pièces 7, 8, 9, 11
- 1692 Visite pastorale de l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, sous l'épiscopat de Gabriel de Roquette. Nominateur : abbé de Saint-Germain-en-Brionnais. Source : ADSL- G 941
- 1705 Visite pastorale de l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste par l'évêque Bertrand de Senaux. Source : ADSL- G 925
- 1729 Visite pastorale de l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, par l'évêque d’Autun Antoine-François de Blitersvich de Montcley. Patron : prieur de Saint-Germain-en Brionnais. Source : ADSL- G 926 f0 353-354
- 1757 Réponse donnée par le curé lors de l'enquête lancée pour établir la carte de Cassini. Source éditée : DESSERTENNE, GEOFFRAY (éd.}, 2010, p. 170-171
- ? Destruction puis reconstruction de l'abside et de la nef. Occidentation du bâtiment. Source : aucune
- 1824 Ajout de bas-côtés à la nef. Adjudication à l'entrepreneur Jean-François Dubois de Charolles le 22/12/1823 pour 2990 Frs. Le devis et le décompte dressés par l'architecte Huguet ne sont pas datés, mais on peut situer le décompte entre le milieu de 1824 et le milieu de 1825. En effet, le 25 mai 1825, les travaux sont achevés, mais l'entrepreneur n'a pas complètement respecté le devis et l'architecte adresse un courrier au préfet pour se justifier de n'avoir pu surveiller le chantier. Source : ADSL- 0 1448
- 1825 Représentation de l'église sur le cadastre. Source : ADSL- cadastre napoléonien, section E2, n° 240
- 1880 Reconstruction des voûtes et couverture du sanctuaire. L'architecte Gabriel Rotival dresse un détail estimatif des travaux le 15/05/1877, son devis est approuvé le 26/12/1879. Adjudication le 21/02/1880 à André Lathuillière. Réception définitive le 04/11/1882. Source : ADSL- 0 1448 Biblio : Fiche de pré-inventaire 1972 (ADSL- 5Fi 337)
Notes
1 : L’ensemble du texte sur l’église d’Oyé (historique et description architecturale) a été rédigé en reprenant la notice de : Nicolier, Anelise, La construction d’un paysage monumental religieux en Brionnais à l’époque romane, thèse de doctorat, Lyon 2, Tome 3, Vol. 2, Corpus, p. 310-321, 2015.
2 : ROSSI, Mario, Les noms de lieux du Brionnais-Charolais, témoins de l’histoire du peuplement et du paysage, Paris, Publibook, 2010, p.130.
3 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_le_Baptiste
4 : Marcigny 6, 15 (mansum apud Oiediam) et 16.
5 : RICHARD J. 1963.
6 : ADCO- B 11477.
7 : ADSL - 0 1448.
8 : Le terme abside est impropre puisque le sanctuaire présente un fond plat, mais nous reprenons là les mots utilisés dans le compte-rendu du conseil des bâtiments civils du 24/12/1878.